Second volet d'une Aventure Humaine 2005-2006

8.15.2006

Fin ( 2 / 3 )

Nuit du mardi 20 juin. Je rentre en fraude à l'internat, accompagnés de quelques compères. D'habitude ma peur était d'être surpris dans la cour, par un pion..Mais ce soir, loin s'en faut. Au contraire, j'aurais souhaité que quelque chose se passât. Si j'avais été intercepté, cela n'aurait eu aucune importance pour moi. Oui, cette nuit était la dernière que je passais à Michelet. Elle aurait pu se terminer en beauté par le sermont d'un maître d'internat, me reprochant d'avoir effreint les règles..Et moi, de prendre ça à la légère, en clamant, que de toutes façons, c'était ma dernière nuit. Mais on est rentré sans problème. Peut-etre le surveillants n'auraient-ils même pas sorti les crocs, sachant qu'à la fin de l'année, tout dérive, tout s'auto-autorise. Pas d'action donc ce soir là. Je rejoins ma chambre. Je pense à ces trois étages, ces longs couloirs que je parcours, de nuit, pour la dernière fois. Des couloirs si vides et déprimants à la rentrée d'hypokhâgne, et maintenant chargé de souvenirs. J'essaye de m'endormir, le regard posé sur les murs de ma chambre, entièrement nus depuis que j'ai enlevé en quelques minutes tout ce que j'avais progressivement punaiser au fil des mois. La chambre retrouve ce soir sa virginité de septembre. Dépersonnalisée, vide et morne. Maudite nuit.
Quand j'ouvre les yeux, le soleil innonde la pièce depuis quelques heures déja. Il est 10h00. J'ai raté le p'tit dej'. Heureusement, la veille, j'ai eu le temps de faire mes adieux à J. qui y officie tous les matins. Brave et courageuse J. Je ne suis pas trop en forme ce matin. Finir les valises et dire au revoir aux gens que j'ai cotoyé si longtemps...voilà le programme de cette journée qui cloture cette drôle d'année. J'ai finalement mis la matinée à tout rassembler. A la radio, de nombreuses chansons qui m'ont " bercé " cette année, ainsi que d'autres, assez tristes, sont diffusées. La rétrospection est inévitable. Des images, des flashs soudains..tout revient en masse. Je n'ai plus envie de partir. Non pas pour la prépa, mais pour la vie de l'internat. Il y a eu bien des moments difficiles, mais avec le recul j'estime qu'ils ont été indispensables. Comment aurais-je connaître tous ces moments de bonheur sans avoir eu de coups durs? Déja nostalgique, j'abandonne mon rangement et décide de faire un dernier tour dans les couloirs, d'errer sur les lieux-mêmes pour voir et ressentir une ultime fois, et le plus fort possible, le film de cette petite communauté d'internes, de mon cercle, qui va me manquer. Chaque porte devant laquelle je passe m'évoque quelque chose. Certaines sont fermées depuis longtemps, les propriétaires de ces chambres déja en vacances ou bien partis depuis quelques temps déja.
Combien de kilomètres ai-je fais dans ces couloirs, et à quelle heure de la nuit...? Que n'avons-nous pas fais ici ? Un des meilleurs moments reste la corridor-party, avec uniquement tous les khagneux internes, pour fêter le départ de Martin à Lille.. Première chute à deux, par terre, en faisant le rigolo, premier bobo, premières photos, première soirée, premières connaissances ... et premiers émois aussi... .o0 Venant voir ce qui se passait - notre musique réveillait un peu de monde - sa silhouette m'apparut pour la première fois... Cette silhouette, dès que " je la vis ; je rougis et palis à sa vue " Les regards ne veulent pas se croiser mais s'attirent et s'enlacent malgré nous. Ce soir là tout avait commencé ; rien n'aurait dû commencer...Oh A. pourquoi es-tu A. ? 0o. J'ai dû passer la moitié de mon temps à l'internat dans le couloirs et dans d'autres chambres que la mienne. Toute une vie qui s'éteint ce 21 juin.

Voilà que j'arrive à un croisement: je peux continuer tout droit, ou bien tourner sur ma droite et rejoindre d'autres couloirs..Non, dans les deux directions, ce sont trop de souvenirs, et pas les plus joyeux, alors je rebrousse chemin. j'arrête alors le film en court de route et remonte au troisième étage. Je l'aimais bien ma chambre après tout. A l'extrême bout de couloir labyrinthique, certes, mais également la première si l'on prend l'escalier arrière de la cantine. En face de la tisanerie où je rencontrais souvent mes voisins de paliers qui venaient chercher de l'eau pour leur thé du soir, et que l'on prenait parfois ensemble, à refaire le monde- de la prépa.
Combien de fois suis-je rentré au milieu de la nuit, essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller mon colloc'. -Maintenant, je me dois de rendre hommage, comme il se doit, à A. dit " copiaule ". Il est arrivé un peu après la rentrée. Un matheux...Une chambre de littéraire et de scientifique... une année qui s'est très bien passée ensemble, sans aucun coup de gueule. **Bonne continuation à toi A. en deuxieme année **-

Dans ma chambre, tout est regroupé à l'entrée. Je passe à l'intendance pour rendre les draps, et remonte à l'internat saluer une dernière fois quelques personnes..Certains ne sont là pas, sont sortis. On ne part pas tous le même jour. Tant pis... Je les reverrai bien...




Lorsque mes parents arrivent, je multiplie le nombre de mes allées et venues... 8 au total pour tout enlever...trois étages à chaque fois.. Dernier voyage. Je ferme la porte à clé, rends cette dernière à l'intendance. Je monte dans la voiture qui me ramène chez moi définitivement.
Soudain, un grand sentiment de liberté. Oui, c'e sont les vacances quand même ! Et je repense aussitôt à la suite...qui ne sera plus à Michelet, mais vraiment à Paris, dans mon école, mon appart... Le meilleur est encore à venir... J'ai connu le début de cette prodigieuse ascension cette année..on continue de plus belle l'année prochaine...

Au revoir Jules!

5 Comments:

At 19/8/06, Anonymous Anonyme said...

Un article plus nostalgique que les autres, plus émouvant, aussi. Tu nous livres un aperçu plus sentimental (au sens propre) de ton année de prépa. Evidemment, la distance prise avec ce jour-là, plus d'un mois, t'incite à un regard peut-être plus positif, mais il n'en reste pas moins que ce texte possède sa part de poésie, sa liberté, sa vie.

 
At 4/9/06, Anonymous Anonyme said...

Alors, à qui le relais ? Un petit hypokhâgneux prendra-t-il le 3e volet de ce blog ?
Elisa.

 
At 7/9/06, Anonymous Anonyme said...

Bo d'accord je suis fatiguee mais j'avais quand meme un peu la larme a l'oeil.
Alors, il y aura-t-il un autre blog?

Bon courage

 
At 9/9/06, Anonymous Anonyme said...

Nouvelle hypokhâgneuse à Michelet, je n'ai pas l'internat malheureusement, mais ton histoire m'a touchée. Reprendre le blog? Pourquoi pas...

 
At 10/9/06, Blogger Alexandre C. said...

un petit vent de nouveauté souffle sur ce blog qui commence déja à vieillir par son inactivité et qu'on peut désormais ranger dans les archives...Alors? 3eme volet ou pas ? Qui ? ...
Hmm hmm.... La réponse, prochainement....pour le dernier message d'hybloghagne 2 ...

 

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